• La présence qui me suit, Aragon (16-03-2005)

    Gazel au fond de la nuit

    Je suis rentré dans la maison comme un voleur
    Déjà tu partageais le lourd repos des fleurs

    J'ai retiré mes vêtements tombés à terre
    J'ai dis pour un moment à mon cœur de se taire

    Je ne voyais plus, j'avais perdu mon âge
    Nu dans ce monde noir, sans regard sans image

    Dépouillé de moi-même, allégé de mes jours
    N'ayant plus souvenir que de toi mon amour
    Au fond de la nuit

    Mon secret frémissant qu'aveuglement je touche
    Mémoire de mes mains, mémoire de ma bouche

    Long parfum retrouvé de cette vie ensemble
    Et comme au premier temps qu'à respirer je tremble

    Te voilà ma jacinthe entre mes bras captive
    Qui bouge doucement dans le lit quand j'arrive

    Comme si tu faisait dans ton rêve ma place
    Dans ce paysage où dieu sait ce qui se passe
    Au fond de la nuit

    Où c'est par passe-droit qu'à tes côtés je veille
    Et j'ai peur de tomber de toi dans le sommeil

    Comme la preuve d'être embrument le miroir
    Si fragile bonheur qu'à peine on peut y croire

    J'ai peur de ton silence et pourtant tu respires
    Contre moi je te tiens imaginaire empire

    Je suis auprès de toi le guetteur qui se trouble
    A chaque pas qu'il fait de l'écho qui le double
    Au fond de la nuit

    Je suis auprès de toi le guetteur sur les murs
    Qui souffre d'une feuille et se meurs d'un murmure
    Au fond de la nuit

    Je vis pour cette plainte à l'heure où tu reposes
    Je vis pour cette crainte en moi de toute chose
    Au fond de la nuit

    Va dire ô mon Gazel à ceux du jour futur
    Qu'ici le nom d'Elsa seul est ma signature
    Au fond de la nuit

    C'est ici : Asthme et Utopie


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  • ALEXIS PIRON (1669 - 1773 )

    L'AVE MARIA

    Dans un couvent, deux nonettes gentilles,
    Mais dont l'esprit simple, doux, innocent,
    Ne connaissait que le tour et les grilles,
    Tenaient un jour propos intéressant
    De confidence et d'amitié fort tendre.
    Notez qu'aucun ne pouvait les entendre.
    L'huit clos était. Fillettes de jaser,
    De s'appeler et " ma chère " et " ma bonne "
    De se donner saintement un baiser,
    D'y revenir, sans qu'aucune soupçonne
    Que le malin les induit à ce jeu.
    Jésus ! ma sœur, dit la jeune Sophie,
    Qu'on voit en vous les merveilles de Dieu !
    Quelle beauté ! vous êtes accomplie.
    Voyez ce sein ! le globe en est parfait .
    Que ce bouton de rose là me plaît !
    J'y vois la main de la Toute-Puissance.
    - Et vous, mon cœur, reprend la sœur Constance,
    Peut-on vous voir et ne pas l'adorer ?
    Tout est parfait ; tout en vous m'édifie. "
    Lors, le pieux examen sur Sophie
    Va son chemin ; on admire ceci,
    Et puis cela, tant que par aventure,
    En certain que la folle nature
    Fit à plaisir, l'examen vint aussi.
    Pieux élan, obligeamment mystique,
    Naît aussitôt de cet objet charmant !
    " Ma chère sœur, l'agréable portique !
    Le beau dessin ; qu'il est simple et piquant !
    - Chez vous, ma sœur lui réplique Sophie,
    Mêmes appas, mon âme en est ravie ;
    Rien de si beau dit ne s'offrit à mes yeux.
    Vous allez rire, il me prend une envie :
    C'est de savoir qui de nous deux
    A plus petit ce chef d'œuvre des cieux.
    - C'est vous ma sœur. - Non ma sœur, je vous jure,
    C'est vous. - Eh bien ! prenons en la mesure,
    Notre rosaire est tout propre à cela.
    On y procède. " Eh ! bien, dit Sophie,
    Qui l'aurait cru ? Vous l'avez, chère amie,
    Plus grand que moi d'un AVE MARIA ! "



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  • Egérie... (15-06-2005)

    EGERIE...


    L'ombre nocturne, un tremblement de tête,
    Que l'on ressent, s'affaisser les lourds piliers
    Des images mélanges de phrases sans épithète,
    D'un tel flot par cents et par milliers.

    Sauter à pieds joints des balcons fleuris,
    Plusieurs étages se succèdent copiés, collés ;
    Descriptif fait à sa nourricière égérie,
    Vivante, à chaque fois déclenchant un tel tollé.

    La terre battue, mêlée de pluie et de pas,
    Des allers sans retours, des allers sans venues,
    Il y a la crête des sommets qui s'en va,
    Noyée d'étangs à faire perdre la vue.

    L'éclipse de lune avec un pétale de fleur ;
    C'est l'éclair prolongé d'un tonnerre,
    Des aiguilles d'une horloge aux heures,
    Des points cardinaux des frontières...

    C'est ici : Armand Rothan Manny




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  • l'amour après la guerre liberamoureux (30-01-2005)

    Je n'ai point en amour d'idée originale
    Allant à ce propos comme nombre de mâles
    Je rêve de courbe ferme propice à la caresse
    Et des lieux parfumés qui vivent près les fesses.

    Non que je détestasse la fille bien lubrique
    Hyène fort excitée aux caresses subtiles
    Qui va sans retenue de son derrière habile,
    Et vous flatte le cul pendant qu'elle s'astique...

    Je rêve alors que se profile la vieillesse
    De conserver longtemps ces envies ces élans
    Chaque soir, reposant, ayant quitté mes dents
    Que mon cerveau sénile imagine des fesses.

    Plus que ruts effrénés, filles dévergondées
    J'aspire à retrouver, pour un instant encore
    Les émois sans pareil et tellement plus forts
    Que seul homme amoureux ressent pour son aimée

    Je voudrais même si cela est bien banal
    Etre amoureux encore, baigner dans la passion
    Adorer vénérer oublier la raison,
    Lui offrir tout de moi, sauf le toucher rectal

    Pour me complaire encore dans la banalité,
    Je dirais que l'amour vaut tous les excitants
    Les calmants les remèdes et les euphorisants
    Qui vous laissent au matin comme pauvre homme usé

    Aurai je encore un jour, cela seul dieu le sait
    L'occasion de l'amour, passion déraisonnée
    Vous qui êtes bien belle, et moi qui suis bien laid
    Me recommandez vous à la veuve poignet ?


    C'est ici : Liberagneugneu




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  • Albert GLATINY - (extrait de "Joyeusetés galantes et autres du vidame Bonaventure de la Braguette") - ~ 1866 ~

    INVITATION A LA MINETTE

    I

    Ton con suave, ton con rose,
    Sous une forêt de poils blonds,
    Doux, frisés, parfumés et long,
    A l'air d'une lèvre mi-close,

    Lèvre excitant les appétits
    De ma lèvre très curieuse,
    D'où tant de baisers sont partis ;

    Une langue mystérieuse
    Sort de son con, et vient chercher
    La mienne, pour gamahucher.

    II

    Car ma chère, les imbéciles
    Auront beau dire ; quand on a,
    Sur la fille qu'on enconna,
    Fait sonner ses couilles dociles,

    A moins d'être bourgeois épais
    Dont la nuque indécente arbore
    Un de ces fameux toupets

    Aux crins roses comme l'Aurore
    Il faut quand le champ se va clore,
    Déposer le baiser de la paix.


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