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Par PoM1 le 12 Juillet 2005 à 19:02Poème de Bieiris de Romans
en langue d'oc traduit par Jeanne Faure-Cousin :
Dame Marie, Mérite et Subtile Valeur,
votre joie, votre esprit et votre beauté rare,
vos façons d'accueillir, d'honorer, votre prix,
votre gentil parler, vos manières aimables,
votre visage doux, vos mines enjouées,
votre tendre regard et vos airs d'amoureuse,
toutes vertus en vous qu'on ne peut égaler
font incliner vers vous mon cœur, sans fausseté...
C'est pourquoi je vous prie s'il vous plaît - qu'Amour vrai,
plaisir, et humilité douce
puissent me procurer auprès de vous secours -
de m'accorder le voulez-vous ?
cela dont, Belle Dame, j'attends le plus de joie !
Car en vous j'ai placé mon cœur et mon désir...
Car c'est de vous que naît ce que j'ai d'allégresse...
C'est pour vous que je vais poussant tant de soupirs...
Et parce que beauté et valeur vous élèvent
au-dessus de toute autre, sans que nulle vous prime,
je vous prie, s'il vous plaît, et au nom de l'honneur,
de ne point accorder vos faveurs à un rustre !
Belle Dame en qui joie et mérite s'exaltent,
et gentil parler aussi... à vous je destine mes strophes ;
car c'est en vous que sont et bonheur et gaieté
et tout le bien qu'on peut d'une femme espérer.
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Par PoM1 le 12 Juillet 2005 à 17:29PHÈDRE, FABULISTE LATIN (15 av. J.-C.- 50 apr. J.-C.)
Un autre demanda quelle cause avait procrée
Les tribades et les cinèdes. Le vieillard l'expliqua.
Ce même Prométhée, modeleur de l'humaine argile,
Qui, dès qu'elle heurte contre la Fortune, se brise,
Après que tout un jour il eut façonné séparément
Ces parties que la pudeur sous un vêtement cache
Pour les adapter ensuite à chaque corps,
Fut tout à coup invité à souper par Bacchus.
Là, il s'imbiba copieusement les veines de nectar ;
Et rentré tard chez lui, d'un pied titubant,
Alors le cœur somnolent et dans l'erreur de l'ivresse,
Il appliqua l'appareil féminin à des corps mâles,
Et le membre masculin à des corps de femmes :
D'où vient qu'aujourd'hui la luxure goûte des plaisirs dépravés.
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Par PoM1 le 29 Juin 2005 à 21:50PIERRE DE RONSARD (1524-1585)
Je suis un demy-dieu, quand, assis vis-à-vis
De Toy, mon cher souci, j'escoute des devis,
Devis entre-rompus d'un gracieux sourire,
Souris qui me retient le cœur emprisonné :
Car, en voyant tes yeux, je me pasme étonné
Et de mes pauvres flancs un seul vent je ne tire.
Ma langue s'engourdit, un petit feu me court
Frétillant sous la peau : je suis muet et sourd
Et une obscure nuit dessus mes yeux demeure ;
Mon sang devient glacé, l'esprit fuit mon corps,
Je tremble tout de crainte, et peu s'en faut alors
Qu'à tes pieds estendu sans âme je ne meure.
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Par PoM1 le 29 Juin 2005 à 21:07
LOUISE LABBÉ OU LABÉ (1522-1565)
SONNET VIII
(interprétation de l'Ode à l'Aimée de Sappho)
Je vis, je meurs : je me brule et me noye.
J'ay chaut estreme en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremeslez de joyes :
Tout à un coup je ris et je larmoye,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure :
Mon bien s'en va, et à jamais il dure :
Tout en un coup je seiche et je verdoye.
Ainsi amour inconstamment me meine :
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me treuve hors de peine.
Puis quand je croy en ma joye estre certeine,
Et estre au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
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Par PoM1 le 28 Juin 2005 à 21:52
ANACRÉON, POÈTE LYRIQUE GREC DU VIe siècle av. J.-C.
" Dans combien de festins Alcée de Lesbos, sur sa lyre,
a célébré le désir qu'il éprouvait pour Sappho,
tu le sais. Le chantre aimait l'oiseau qui enchante,
et ses hymnes gracieux firent souffrir le Téien,
Anacréon, son rival en amour, le poète suave...
Dans ces vers, Hermésianax se trompe quand il croit que Sappho et Alcée sont contemporains du sage de Téos : Anacréon vivait à l'époque de Cyrus et de Polycratès, Sappho à l'époque d'Alyattès, père de Crésus. Chaméléon, dans son traité Sur Sappho dit que, selon certains, c'est à elle que s'adressent ces vers d'Anacréon :
Quand Eros à la tête d'or
me relance un ballon pourpré
que je lance vers tel garçon
aux sandales brillantes,
elle, car elle est née là-bas,
à Lesbos, fuit ma tête, hélas,
blanchissante et s'en va baver
pour... une autre dirai-je.
Et il dit que Sappho lui a répondu ainsi :
Muse au trône d'or, tu soufflas un hymne
que de son pays aux splendides femmes
le Téien chantait avec grâce dans sa
fière vieillesse.
Mais il est clair pour chacun que cette chanson n'est pas de Sappho. Je pense qu'Hermésianax a voulu plaisanter sur cet amour : Diphile, le poète comique, dans la pièce intitulée Sappho, avait fait d'Archiloque et d'Hipponax les amants de Sappho. "
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